Piété du Pèlerin ou recueillement ?
Il faut d’abord avoir une image dans la tête.
Et c’est souvent par l’outil ou parfois par la pierre qu’elle prend naissance…
Roger Monney, ferronnier et sculpteur, appelé le Vulcain du Vully est décédé le 26 mars 2019 à l’âge de 86 ans.
J’ai eu la chance de pénétrer à plusieurs reprises dans sa caverne d’Ali Baba, un lieu bien gardé, difficilement franchissable, mais pas impénétrable.
Une vieille petite ferme adossée à une falaise de molasse qui surplombe le lac de Morat, à Bellerive dans le Vully vaudois.
Ce personnage hors du commun, au regard souvent tourné vers les étoiles, à l’esprit curieux et proche de la nature était un homme libre, au franc parlé, connu pour ses bons mots, toujours drôles, parfois grinçants, jamais méchants.
« Pour prier, les nonnes joignent les mains, le sculpteur fait autre chose »
Dixit l’ermite et ferronnier du Vully.
Original certes, mais attachant et généreux, il a su donner libre cours à son imagination et tirer profit d’un talent inné pour réaliser de nombreuses et belles œuvres souvent abstraites et restées, hélas ! relativement peu connues.
Lors d’une rencontre, je lui fais part de ma recherche d’une pelle à charbon. Avec son regard malicieux, il me dit que cela devrait sûrement se trouver dans son capharnaüm … mais où ?
Quatre à six mois plus tard, à peine assis à sa table en face de lui, qu’il se lève, fait 3 pas et me dit : « tiens, la voilà ta pelle »
Chapeau bas, Roger : ce simple geste m’avait sur le moment profondément remué. Dès lors, cette dernière rêverie est probablement née pour marquer le temps du souvenir ?... Mais pas seulement…
Car le choix définitif s’est porté sur Piété, un terme à prendre toutefois dans son sens littéraire, soit : « Attachement fait de tendresse et de respect »
En effet, durant ces 2ème et 3ème trimestres de 2019, d’autres émotion et ressenti ont nourri ce sujet qui se veut serein certes, mais recueilli.
Si la pelle fut le 1er outil de l’image du manteau-cape du pèlerin, c’est la gouge à chéneau qui arriva en dernier pour parachever l’image. L’auréole ? pas forcément celle qui vient du succès, mais plutôt celle des souffrances endurées dignement …
Dans la forme du fer à cheval, on peut y voir entre autres le croissant de lune, symbole de fertilité et de chance. Toutefois, pour porter bonheur, le fer doit être placé les éponges vers le haut : « pour que le bonheur ne tombe pas »
Cette vertu légendaire vient sans doute du fait qu'un fer à cheval égaré était revendu au forgeron et permettait ainsi d'en récolter quelques espèces sonnantes et trébuchantes.
Quant à la pierre choisie, c'est du gypse pur, appelé sélénite, ... car on dit y voir l'éclat de la Lune ...
[ se trouve particulièrement dans les environs de Bologne ] .
Voilà, un grand merci à celles et ceux qui ont lu jusque-là …Nous n’en dirons pas plus.
Par contre, la page blanche qui s’ouvre est pour vous… A bientôt.